Le public est venu nombreux assister à la conférence de Patrick Galliou
sur les salaisons de poisson à la période romaine.
La première conférence du nouveau cycle Visions du Finistère organisée
par Les Amis du Musée breton, a fait salle comble, samedi.
Devant un
auditoire très attentif, l'archéologue Patrick Galliou a expliqué dans
quelles conditions des salaisons de poisson s'étaient installées à la
pointe bretonne durant l'époque romaine.
Les salaisons de poissons apparaissent à la pointe bretonne au IIe
siècle ap. J.-C. Samedi, l'archéologue Patrick Galliou, spécialiste de
l'Armorique romaine et professeur émérite à l'UBO, a détaillé les
caractéristiques de ces installations enfouies sous terre : « Les cuves
maçonnées, de trois à quatre mètres de côté, de deux à cinq mètres de
profondeur, étaient enfoncées en terre jusqu'à leur ouverture ».
Le poisson versé tel quel dans les cuves
Le poisson était apporté jusqu'à l'usine de salaison où il était déversé
dans les cuves. Chaque nouvel apport était séparé du précédent par une
couche de sel. « Cette sauce à odeur forte servait à assaisonner les
légumes, les viandes et les fruits. Allongée d'eau, elle était utilisée
comme boisson par les soldats, et, versée dans le vin, elle était un
breuvage apprécié », relate Patrick Galliou. Chez les Osismes de
l'actuel Finistère, ces établissements de salaison étaient implantés à
l'embouchure de l'Ellé, dans la rade de Brest et autour de la baie de
Douarnenez, où une trentaine de cuves ont été découvertes aux Plomarc'h.
« L'implantation d'une telle activité et la construction de bâtiments
spécialisés, selon des normes techniques bien connues ailleurs, ne peut
être due qu'à des hommes expérimentés, parfaitement au fait de ces
pratiques industrielles et donc originaires de régions où elles étaient
mises en oeuvre (bassin méditerranéen, façade atlantique de la péninsule
ibérique) ».
Une production abondante
Pour quelles raisons des Méridionaux dépaysèrent-ils cette industrie en
Armorique ? La présence d'un poisson abondant, la sardine, pourrait en
être une explication, selon l'intervenant. « On peut penser qu'en
s'installant sur la côte osisme, les industriels des salaisons
souhaitaient rapprocher la production du fort marché captif que
constituaient les armées romaines stationnées en Bretagne insulaire et
sur le Rhin. Comme celles des côtes de la péninsule ibérique, les usines
armoricaines produisaient certainement une trop grande quantité de
produits salés pour qu'ils puissent être consommés par les seules
populations locales. Il semble donc probable qu'une partie au moins de
ces sauces et pâtes de poisson ait été exportée vers le Nord de l'Europe
», conclut Patrick Galliou.
Prochaine conférence
La prochaine intervention aura lieu Le 25 février. Arnaud Ybert, maître
de conférences en histoire médiévale au pôle universitaire de Quimper,
interviendra sur l'architecture du XVe siècle en Bretagne occidentale.
L'entrée est gratuite pour les adhérents et 5 € pour les non-membres.
Les inscriptions sont prises par téléphone au 02.98.90.18.22 ou par mél.
amismuseebreton@gmail.com.
© Le Télégramme
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